Pourquoi nous testons aussi les yeux?

Chez le bouvier des Flandres, comme pour d’autres races, il existe un organisme qui fait des recherches dans le but d’améliorer la santé en ce qui concerne la génétique chez les chiens. Donc, aux États-Unis, des regroupements d’éleveurs de Bouvier des Flandres se sont penchés sur la question afin de  déterminer quels seraient les tests de santé minimaux  à demander/exiger chez les reproducteurs :

- une évaluation des hanches et des coudes par l’OFA;

- une évaluation du cœur par un spécialiste et soumise à  l’OFA;

- une évaluation des yeux par un spécialiste et soumise au CERF.

Les résultats sont enregistrés dans la base de données du Canine Health Information Center (CHIC) qui fournit ainsi des informations sur la santé pour aider les éleveurs, propriétaires et les scientifiques à travailler ensemble pour la recherche sur les maladies et permettre ainsi de reproduire des chiens en santé.

 

Mais quels sont les problèmes des yeux que mon bouvier peut avoir? 

L’évaluation des yeux par un ophtalmologiste peut détecter bien des problèmes dont la plupart sont prouvés héréditaires cependant les cataractes et le glaucome sont les plus dangereux des problèmes optiques chez le bouvier car ils peuvent amener la cécité totale. Bien que lorsque les cataractes apparaissent à un âge plus avancé, on ne considère pas le phénomène comme héréditaire. Mais lorsqu’il arrive que ces cataractes apparaissent avant l’âge de 5 ans, dans ces cas, elles seront considérées comme héréditaires.


Mais qu’est-ce que le glaucome?

Le glaucome est dû à une augmentation de la pression dans l’humeur, le liquide qui remplie l’intérieur de l’œil. Ce liquide est transparent avec une faible viscosité et il est complètement filtré et renouvelé à toutes les 2 ou 3 heures. Il se compose de 99,6% d’eau, de vitamine C, de glucose et autres nutriments nécessaire à la cornée et au cristallin car ces derniers n’ont aucun vaisseau sanguin pour les irriguer et les nourrir. La pression dans ce liquide est très importante puisqu’elle est en partie responsable de la forme de l’œil. Le problème de l’augmentation de la pression peut survenir lorsque l’humeur en renouvellement s’accumule dans l’œil parce que sa sortie en est entravée.
 

Qu’est-ce qui arrive lorsque la pression augmente?

C’est à ce moment qu’il peut y avoir des dommages permanents à la cornée et au cristallin, qui peuvent dégénérés en cataracte puisque c’est l’humeur qui les nourri, mais aussi au nerf optique ou à la cornée qui peuvent être endommagés par la pression excédentaire. Que la pression monte de beaucoup de millimètres de mercure durant peu de temps ou bien de façon moindre mais sur une plus longue période, le résultat sera le même et la cécité apparaît. Le chien est alors aveugle et c’est irréversible.

 

Qu’est-ce qui fait en sorte que le glaucome puisse apparaître?

Tout ce qui va débalancer les échanges de l’humeur et peut en augmenter la pression. Par contre, dans les cas de glaucome héréditaire, les principaux responsables sont les persistent pupillary membranes aussi appelée PPM qui peuvent entraver la circulation de l’humeur dans l’œil lorsqu’elles sont placées dans les endroits stratégiques qui permettent au liquide de circuler. En effet, l’humeur voyage, comme par des petites portes, qui sont de chaque côté de l’iris. Ces dernières doivent être fonctionnelles pour que la circulation se fasse bien. Les PPM sont des restes de structures fœtales qui alimentaient la cornée, le cristallin et l’iris durant leur formation. Ces structures ressemblent soit à des enveloppes qui les enrobaient au stade fœtal, soit à des veines et artères qui les nourrissaient durant ce même moment. Normalement, ce genre de membranes et de vaisseaux se résorbent complètement avant la naissance et les derniers vestiges finissent par disparaître durant la période néonatale soit avant la 3e semaine de vie du chiot. Bien qu’il arrive aussi que la résorption puisse aller jusqu’à 4-5 semaines de vie, elle devrait tout de même être complètement terminée après ce laps de temps. Aussi, bien que dans la plupart des races canines, ces structures fœtales persistantes ne causent aucun problème et que la recherche sur leur hérédité ne fait que commencer; il est bon de noter que la recherche et les examens des yeux des Basenji, Chow Chows, Mastiffs, Pembroke Welsh Corgis, ou Yorkshire Terriers avec des PPM ne peuvent pas avoir la certification par le Canine Eyes Registry Foudation (CERF)! Dans ces races, le travail consciencieux des éleveurs a fait en sorte que la recherche puisse tirer des liens héréditaires entre les PPM dans ces races et les cas problèmes oculaires chez leurs progénitures qui en possédaient. Pour les autres races, où il est encore impossible de tirer des corrélations entre les PPM et leur lien héréditaire, leurs présences à l’examen sont notés par l’ophtalmologiste et il sera apposée une note sur le certificat CERF qui stipulera le type de PPM et l’éleveur aura à choisir entre ne pas reproduire le chien, ou bien de le faire qu’avec des individus qui en sont exempts.

 

Donc les persistent pupillary membranes peuvent se trouver soit dans la chambre en avant du cristallin, sur le cristallin, sur l’iris, de même que derrière de cristallin.

Figure représentant un cristallin entouré de l’iris avec la cornée en avant tirée du site du CERF :

a. Si une extrémité de PPM flotte dans la chambre antérieure – pas d’impacts significatifs.

b. Entre l’iris et le cristallin – pourrai causer des cataractes de la capsule du cristallin.

c. En forme de "Y" qui relie des parties de l’iris  - pas d’impacts cliniques observés.

d. Entre les parties de l’iris et par devant le cristallin – pas d’impacts cliniques observés.

e. Entre l’iris et la cornée – il en résulte une adhérence qui peut nuire à l’ouverture ou la fermeture de l’iris.

Une membrane fœtale peut aussi recouvrir le cristallin complètement ou en partie (points, picots) dans certains cas.

L’artère hyaloïde qui alimente cette enveloppe du cristallin au stade fœtal peut aussi persister.

 

Les cataractes
 

Le cristallin sert de focus à notre œil comme une lentille d’un appareil photo. Lorsque cette lentille s’opacifie en partie ou en totalité : c’est la cataracte et la perte de vision est en fonction du pourcentage du cristallin qui est affecté. Les cataractes sont plus communes chez les chiens âgés et contrairement au glaucome, elles peuvent être traitées par une chirurgie où le cristallin peut être enlevé et être remplacé par une lentille artificielle. Mais ce n’est pas une raison pour les négliger car bien qu’il existe un traitement, ce dernier demeure risqué et coûteux.

 

Par contre, les cataractes où des liens génétiques ont pu être établis, apparaissent tôt dans la vie du chien. Mais il n’y a pas que la génétique qui peut être responsable des cataractes car les traumas, les infections et le diabète peuvent aussi être des causes de cataracte. Mais un fait intéressant, les PPM cités plus haut peuvent aussi en être responsables. C’est d’ailleurs ce genre de cataractes ponctuelles de signifiance inconnue (punctate cataract significance unknown) qu’on rencontre quelquefois en note sur les certificats CERF. Bien que celles-ci  soient sans danger tant qu’elles restent stables et n’évoluent pas, mais aussi que l’hérédité de celles-ci est encore inconnue, il est important de faire les tests appropriés et d’en faire le suivi.

 

En conclusion, bien que le glaucome et les cataractes ne sont pas encore épidémie chez le bouvier des Flandres, un examen annuel simple et peu coûteux effectué par un ophtalmologiste peut aider à mieux comprendre l’hérédité du phénomène des persistent pupillary membranes et ainsi aider la race pour l’avenir.

 

 

Sources :

Canine eye registration foundation (CERF), avril 2007,
http://www.vmdb.org/cerf.html

Encyclopédie Wikipedia, glaucome: http://fr.wikipedia.org/wiki/Glaucome

cataractes: http://fr.wikipedia.org/wiki/Cataracte_%28maladie%29

Biologie Générale, L’unité et la diversité de la vie, P. 623, STARR, Cécie et TAGGART, Ralph, groupe modulo, 2006, 933 Pages.

Biologie Humaine, P. 247, MARIEB, Élaine N., Édition ERPI, 2000, 542 Pages.


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